La suite de la comtesse Macha

Dans l'une des ailes du palais se trouve la suite de la vicomtesse Macha.
Veuve très jeune d'un des suivants du roi, la vicomtesse a hérité d'une place de choix à la cour, elle possède dans le palais une suite comprenant chambre, salon de toilette, d'habillement et salle de réception.
C'est dans cette salle de réception qu'elle accueille ses pupilles, la vicomtesse Macha étant chargée de la bonne éducation des jeunes filles du palais.
Elle n'enseigne elle même que les bonnes manières et se fait aider de plusieurs professeurs utilisant l'une ou l'autre salle du palais selon les besoins, mais elle passe beaucoup de temps avec ses élèves au grand regret de celles ci.

La salle de réception de la vicomtesse est très richement décorée de tissus bleu et roses, chargés de voiles et motifs évoquant la vie au chateau. La vicomtesse elle même s'assoie sur une grande chaise de bois évoquant un trône tandis que ses élèves ont le droit à des petits tabourets ou de petits bancs, quand elles ne doivent pas se tenir debout pour travailler leur maintien.
Une dizaine de jeunes filles se trouvent en général en classe avec la vicomtesse, toutes adolescentes bien que d'âges différents.

Ces jeunes filles étant souvent bavarde comme des pies tout ce qui se passe derrière les portes de la suite de la vicomtesse est rapidement connu de tout Copal, en tout cas tant qu'elles en sont les témoins directes ou indirectes.

Semaine 0
Exceptionnelement aujourd'hui la vicomtesse avait dû s'absenter à la requète du roi.
Les jeunes filles rassemblées babillaient à ce sujet à n'en plus finir, toutes attendaient qu'elle soit en charge de l'éducation de la jeune et étonnante princesse arrivée la veille au soir et sur laquelle les avis étaient bien partagés.
Toutes attendaient surtout l'affrontement qui ne manquerait pas d'en sortir, la vicomtesse étant aux yeux de ces jeunes filles bien trop vieille Copal tandis que les habits de la princesse laissait présager d'un tempérament certain.
Brigitte, Etaine, Emma, Viviane et les autres jeunes filles, toutes en robes longues, soigneusement habillées et maquillées firent immédiatement silence et reprirent une contenance lorsque des pas résonnèrent dans le couloir.

D'un air pincé la vicomtesse fit son entrée, suivie de Saskia.

"Eh bien mesdemoiselles, je croyais vous avoir demandé le silence, mais je constate qu'encore une fois de plus vous semblez ignorer toute notion de bonne conduite ! Quelle image allez vous donner à votre nouvelle camarade ? Allons mesdemoiselles debout voyons, vous êtes en présence d'une princesse !"

Affolées les jeunes filles se redressèrent avant de se pencher en une révérence plus ou moins soumises, certaines ne résistant pas à l'envie de jeter un regard par en dessous à la si curieuse princesse.

Tandis qu'elles restaient ainsi penchée la vicomtesse les présenta tour à tour à Saskia, ainsi que leurs rang et leurs titres de gloire familiaux.

(description à venir)

Certaines jeunes filles ne peuvent s'emp^cher de pouffer face à l'attitude de la princesse, tout en jettant des regards en coin à dame Macha qui rectifie aussitôt l'attitude de Saskia.
"Voyons votre majesté, vous êtes princesse, future reine peut être, vous ne devez pas vous incliner ainsi face à des simples dames, fussent elles les plus nobles héritières du royaume.
Le seul à qui vous devez manifester autant de déférence est votre père.
Pour ce qui est de ses plus proches conseillers, des ducs ou de vos professeurs, vous pouvez vous contenter d'une révérence plus légère.
Marijanig ! Auriez vous je vous prie la bonté de montrer à votre nouvelle camarade cette révérence."
Une jeune fille s'avance, toute vêtue de rose, elle est à peine sortie de l'enfance et possède encore les joues rondes et les yeux pétillants de cette période. Elle est encore bien petite n'arrivant qu'à la poitrine de ses consoeurs. Ses cheveux blonds ornés d'un ruban fleuri sont taillés en carré. Elle saisit les plis de sa robe et s'incline légèrement face à un public invisible.
"Très bien, reprend la vicomtesse, je vous présente donc Marijanig, fille du Duc Sadorn des marches ouest, de la plus haute noblesse du royaume.
Essayez donc cette révérence à votre tour."

La réaction de Saskia fait à nouveau s'exclamer les jeunes filels, certaine se retiennent à grand peine de rire, d'autres prennent l'air offusquées.
Sans se départir de son air sévère la vicomtesse interpelle l'une d'entre elle : "Brigitte, au lieu de ggober les mouches, pouvez vous expliquez les raisons de cette différence ?"
La dénommée Brigitte, qui a dépassé depuis un moment le stade de l'adolescence est une forte jeune fille joufflue, blonde au teint halé, vêtue assez simplement de couleurs discrètes. Elle déglutit avec peine avant de commencer à répondre : "Eh bien euhhhh, euh, j'imagine que ..."
"Taisez vous ! Euhhh, euhhh, êtes vous une vache pour produire de pareils borborygmes ? Je ne vous demande aps d'imaginer mais de répondre. Enfin, chacun sait que vous n'êtes pas bonne à grand chose."
Quelques rires moqueurs et discrets se manifestent, tandis que d'autres visages s'assombrissent. Visiblement satisfaite de sa méchanceté la vicomtesse se tourne vers Saskia.
"Voyez vous, Brigitte n'est que fille d'un cuisinier, anobli sur un caprice de votre père il y a peu." Elle rougit un peu puis se reprend. "Enfin le roi a sans doute ses raisons, toujours est il que si Brigitte est libre d'assister aux leçons avec nous, elles ne mérite guère plus qu'un hochement de tête en guise de salut, mais sans doute une autre de mes élèves saura mieux vous éclairer."
"Viviane, pouvez vous nous éclairer ?"

Viviane est une mince jeune fille qui porte très long ses cheveux chatains. Elle est vêtue d'une robe verte brodée d'étrange motifs et à la coupe passée de mode depuis longtemps. Elle porte une large perle en pendentif.
"Votre Majesté, voici Viviane, fille de notre grand enchanteur."
Viviane s'avance de quelques pas, et s'incline à nouveau, elle parle ensuite d'une petite voix fluette mais toutes font silence quand elle s'exprime : "La déférence qui est dûe à une personne est fonction de ce que cette personne nous offre, ainsi notre Roi qui nous gouverne et nous protège est digne de notre plus grand respect. Viennent ensuite ses plus proches conseillers et amiraux qui contribuent apr leur travail à nous maintenir dans la paix et la properité, ainsi que la Vicomtesse qui a la bonté de consacrer son temps et son énergie à nous transmettre son précieux savoir.
En tant que princesse, vous êtes fille du Roi et héritez donc par avance du respect qui lui est dû, bien que votre jeune âge attenue ceci. Marijanig étant fille de Duc, et vous fille de Roi, comme le Duc est au dessous du Roi, la fille du Duc est au dessous de la Princesse.
Il ne s'agit donc nullement de punition.
Quand à savoir quand cette différence de respect s'effacera, elle ne fera que grandir si vous devenez reine, et à moins que apr un étrange caprice du destin Marijanig n'épouse le roi et ne devienne reine vous serez toujours plus digne de respect."

"Très bien Viviane."

D'une voix mal assurée la vicomtesse interrompt cet échange muet tandis que la jeune fille rougit soudain.
"Eh bien puisque cette demoiselle semble attirer votre attention, apprenez qu'elle se nomme Etaine et est la fille de notre Grand prêtre de la licorne.
Sachez aussi, et nous ne vous en tiendrons pas rigueur pour cette fois, qu'il est assez impoli et irrespectueux de se tenir aussi près d'une autre personne, surtout en public et face à face, ce faisant vous excluez les personnes vous entourant et traduisez une intimité qui ne peut exister qu'entre jeunes mariés, ou entre une mère et ses enfants.
Il serait plus convenable de reculer de deux bons pas.
La charge de grand prêtre est elle aussi hautement honorifique, il n'y a que des jeunes filles de bonne famille ici, enfin presque."
La vicomtesse a un regard vers Brigitte, ainsi que vers sa voisine, sensiblement du même âge, vêtue tout aussi simplement, mais d'une façon bien plus libre : elle met en avant un décolleté qui s'il n'est pas d'importance a le mérite d'être découvert et sourie effrontément à la cantonade.

Etaine hésite à répondre, jette un œil à la Vicomtesse, celle ci prend la parole.
"C'est une très bonne question, mais je dois vous faire remarquer qu'il aurait été plus poli de la poser en respectant les convenances.
Comme je vous l'ai dit il est nécessaire de respecter une certaine distance, ce qui implique de ne pas tenir la main de votre camarade de classe, quelque soit votre sympathie à son égard."
La voix de la vicomtesse semble partir dans les aigus, son œil est sévère mais sa moue hésitante.
"Il est très rare de contempler une licorne et personne ici n'en a jamais vu, qu'une telle grâce soit accordée à une descendante de LA Licorne comme vous n'est cependant pas étonnant. "
La voix s'est teintée de respect, toutes les jeunes filles présentes ou presque ont regardé la princesse avec admiration pendant son récit.

La vicomtesse présente ensuite une à une les étudiantes restantes :
Celia fille de Fynn le grand consul, adolescente au caractère et au visage difficiles, châtain, potelée, mais vêtue très richement d'or et de rouge.
Anna, plus âgée, blonde avec des anglaises, très mignonne elle, vêtue de rouge très sophistiquée, c'est la fille du duc de Rhynn.
Isabeau, une rousse d'environ le même âge que Celia, avec des anglaises aussi, en rouge aussi, les traits fins, peau très blanche fille du baron Manawyddan.
Emma fille du capitaine Yvar, assez âgée elle aussi, au sortir de l'adolescence, elle se tient à proximité de Brigitte qui a à peu près son âge, châtain clair.
Meryl fille de comte Kerry, une jeune blonde vêtue aux couleurs de son père de jaune et de noir.
Ann fille de l'amiral Breiz, blonde elle aussi, vêtue de bleu foncé.
Tristane, la fille du baron Culann, brune, timide et renfrognée, reste discrètement à l'arrière du groupe, vêtue de brun et de blanc.

S'ensuit une longue leçon, à peine interrompue d'un repas pris en commun.
La Vicomtesse ne cesse de harceler les unes et les autres, sur des détails comme la position de la fourchette, la façon de rire.
L'après midi est heureusement consacrée à l'apprentissage d'une certaine culture générale, histoire, géographie et sciences naturelles sont abordées par de savants professeurs bien moins stricts que la Vicomtesse.

En fin d'après midi, enfin, la vicomtesse libère les jeunes filles qui regagnent leurs pénates.
La venue de la princesse a bouleversé leurs habitudes et même leur professeur y est sensible. Aucune n'est resté de marbre face au charme particulier de la jeune faunesse, mais les réactions sont bien différentes, certaines affichent un détachement ostensibles comme Anna, d'autres paniquent visiblement telles Etaine ou Brigitte, d'autres jouent les timides et les prudes, seule Emma accueille sa princesse et ses provocations avec des clins d’œil complices et des attitudes provocantes.

Toutes se dispersent rapidement et le fidèle Erik vient chercher Saskia pour l'emmener dans ses appartements privés.